La Bourgogne… en un clin d’œil

La Bourgogne est un vignoble à part, une terre qui aime à jouer les contrastes : quand Bordeaux affiche son opulence par ses châteaux, la Bourgogne la joue plus « paysanne » avec ses petits domaines familiaux. N’est-ce pas là pourtant que naît la Romanée-Conti, un des plus grands vins au monde ?

Pour com­prendre la Bour­gogne, il faut la par­cou­rir. Prendre la dépar­te­men­tale qui tra­verse la Côte‑d’Or, où la carte rou­tière se confond avec la carte des vins : Vou­geot, Vosne-Roma­née, Nuits-Saint-Georges, Pommard…

C’est une véri­table mosaïque d’appellations, avec pour seule uni­té celle de ses cépages : en blanc, le char­don­nay ; en rouge, le pinot noir. Une seule corde, mais une infi­ni­té de notes qui vibrent au rythme des terroirs.

Pour par­ve­nir à décryp­ter les éti­quettes, il est impé­ra­tif de com­prendre le sys­tème pyra­mi­dal d’appellations qui la structure. 

Les AOC de Bourgogne

Les vins et ter­roirs de Bour­gogne s’inscrivent dans un sys­tème pyra­mi­dal qui va du vin le plus simple au vin le plus qua­li­ta­tif, et qui s’applique aus­si bien aux rouges qu’aux blancs.

1/ Les AOC régio­nales : l’appellation de base, qui peut être pro­duite par­tout, est l’AOC bour­gogne. A ce même niveau, on range éga­le­ment les AOC res­treintes à des sous-régions telles que bour­gogne hautes-côtes-de-beaune, mâcon-vil­lages, coteaux-bour­gui­gnons… Tous ces vins repré­sentent la moi­tié de la pro­duc­tion totale.

2/ Les AOC vil­lages : comme leur nom l’indique, ce sont les vins qui portent le nom d’une com­mune et qui ne peuvent être pro­duits que sur le ter­ri­toire de celle-ci. Les exemples ne manquent pas : Gevrey-Cham­ber­tin, Nuits-Saint-Georges, Aloxe-Cor­ton, Pom­mard, Pouilly-Fuis­sé… Il y en a une qua­ran­taine du nord au sud de la Bourgogne. 

3/ Les 1ers crus : au sein des AOC vil­lages, cer­taines par­celles (on dit « cli­mats » en Bour­gogne) iden­ti­fiées depuis des siècles comme étant par­ti­cu­liè­re­ment qua­li­ta­tives, ont acquis le sta­tut de « 1er cru ». Lorsque le vin pro­vient à 100% de telles par­celles, il a le droit d’en affi­cher le nom à côté de celui du vil­lage : cham­bolle-musi­gny 1er cru Les Amou­reuses, meur­sault 1er cru Les Per­rières, mer­cu­rey 1er cru Clos L’Evêque… Impos­sible de les rete­nir tous, il y en a plu­sieurs cen­taines… pour 10% de la pro­duc­tion seulement !

4/ Les grands crus : le haut du panier, le top du top. Les meilleurs « cli­mats » s’affranchissent de leur com­mune d’origine et ont droit à leur propre appel­la­tion, qui porte le nom de leur ter­roir : Cham­ber­tin, Clos-de-Tart, Roma­née-Conti, Cor­ton-Char­le­magne, Mon­tra­chet… 1% de la pro­duc­tion regrou­pant 33 stars du vignoble.

Le terroir passe avant tout

A l’inverse du Bor­de­lais, où le châ­teau est pré­do­mi­nant, en Bour­gogne c’est le ter­roir qui est mis en avant sur l’étiquette. Vous ver­rez donc d’abord le nom de l’appellation (Meur­sault, Cha­blis 1er cru…) avant celui du producteur.

Si un même ter­roir est en géné­ral exploi­té par plu­sieurs pro­duc­teurs, il existe des excep­tions, quand un domaine pos­sède un cru en « Mono­pole ». C’est le cas par exemple de la Roma­née-Conti, par­celle exploi­tée par le seul… Domaine de la Roma­née-Conti (qui exploite par ailleurs d’autres par­celles por­tant d’autres noms… c’est simple, non ?)

La Bourgogne du nord au sud

Petite par sa super­fi­cie, la Bour­gogne s’étire néan­moins sur trois dépar­te­ments, ce qui per­met d’offrir, à par­tir de deux cépages prin­ci­pa­le­ment (char­don­nay en blanc, pinot noir en rouge), une grande diver­si­té de vins.

L’Yonne : la région de Chablis

Dans le dépar­te­ment de l’Yonne, Cha­blis règne en maître et se décline en quatre AOC (petit-cha­blis, cha­blis, 1er cru et grand cru). On trouve éga­le­ment d’autres vins inté­res­sants en rouge (iran­cy, bour­gogne-épi­neuil) comme en blanc (saint-bris, bourgogne-chitry).

Non loin, le Châ­tillon­nais s’est spé­cia­li­sé dans le crémant-de-bourgogne.

La Côte‑d’Or : Nuits et Beaune

Au propre comme au figu­ré, c’est le cœur de la Bour­gogne viti­cole, orga­ni­sé autour des deux grands pôles que sont Nuits-Saint-Georges et Beaune. Long cha­pe­let d’appellations toutes plus pres­ti­gieuses les unes que les autres, c’est le siège de 32 des 33 grands crus bour­gui­gnons, par­mi les­quels les mythiques Roma­née-Conti, Mon­tra­chet, Cor­ton ou encore Clos-Vougeot.

La Saône-et-Loire : Cha­lon­nais et Mâconnais

Le sud de la Bour­gogne offre des vins du même style que leurs voi­sins de la Côte‑d’Or, avec tou­te­fois moins d’ampleur, ce qui en fait des vins plus abor­dables au rap­port prix/plaisir avantageux.

Prin­ci­paux vins à connaître : en rouge : mer­cu­rey, givry et mâcon ; en blanc : mâcon, pouilly-fuis­sé, saint-véran, bou­ze­ron, rully.

 


Le conseil de Jean

Au-delà des stars char­don­nay et pinot noir, quelques autres cépages se font une place en Bour­gogne. En blanc : le sau­vi­gnon à Saint-Bris dans l’Yonne, et l’aligoté à Bou­ze­ron en Côte cha­lon­naise (ain­si que dans l’AOC régio­nale bour­gogne-ali­go­té). En rouge : le gamay pour les vins du Mâcon­nais, voi­sin du Beau­jo­lais, et le césar en appoint du pinot noir dans les vins d’Irancy (Yonne). Pis­tez-les et goûtez-les !