Cépage : le gamay

Associé pour toujours à la région du Beaujolais, le gamay vaut beaucoup mieux que la réputation qui lui colle à la peau. Les bons terroirs et les producteurs sérieux le magnifient pour en faire des vins qui gagnent en qualité et en potentiel, sans rien perdre en gourmandise.

Dans les vignobles

Si la France est son fief (plus de 90% des sur­faces mon­diales), le Beau­jo­lais est son don­jon. C’est la varié­té emblé­ma­tique de cette région, qui four­nit aus­si bien les vins nou­veaux que les beau­jo­lais-vil­lages ou encore tous les « crus » comme le mor­gon, le brouilly ou le juliénas.

De cette place-forte, le gamay rayonne dans les vignobles voi­sins. Au nord, en Bour­gogne, où il est le cépage des vins rouges du Mâcon­nais. (Au-delà com­mence le royaume exclu­sif du pinot noir, depuis qu’en 1395 Phi­lippe le Har­di « chas­sa » le gamay de son duché de Bour­gogne, le jugeant trop pro­duc­tif et moins qualitatif).

A l’ouest, il est culti­vé du Mas­sif cen­tral (saint-pour­çain, côtes‑d’auvergne) jusqu’en Val de Loire, où on le retrouve seul ou en assem­blage dans les appel­la­tions régio­nales (anjou-gamay, tou­raine…). Enfin à l’est, il appa­raît dans cer­tains vins rouges de Savoie.

Son nom com­plet est le gamay noir à jus blanc, pour le dif­fé­ren­cier des gamays « tein­tu­riers », c’est-à-dire à la pulpe colo­rée (fait rare), moins qualitatifs.

Dans le verre

Le gamay donne la plu­part du temps des vins souples, frais et aro­ma­tiques (fram­boise, cerise, mais aus­si pivoine), à boire jeunes. Dans cer­tains crus du Beau­jo­lais néan­moins (mor­gon, mou­lin-à-vent, fleu­rie), les vins se font plus riches et char­nus et se montrent aptes à une cer­taine garde.

Dans le monde

Le beau­jo­lais nou­veau s’exporte dans le monde entier, mais le cépage gamay, lui, ne rayonne que jusqu’en… Suisse voi­sine, où il a pu autre­fois être confon­du avec le pinot noir. Les deux cépages donnent en assem­blage dans le Valais un vin agréable appe­lé la « dôle ».


Le conseil de Lucien

Par son style souple et gour­mand, ponc­tué d’une pointe de fraî­cheur, le gamay s’accorde bien avec les cochon­nailles en tout genre, aus­si bien froides (char­cu­te­ries) que chaudes (le must sur un petit salé !). Son côté lyon­nais, sans doute…