Comment faire de bons accords mets-vins ?

Le proverbe dit que « Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson ». On pourrait ajouter que s’il a aussi soif, mieux vaut lui apprendre à faire ses propres accords mets-vins que de lui en imposer une liste toute faite.

Ces listes « clés en main » ont néan­moins leurs ver­tus : le novice peut y trou­ver faci­le­ment réponse à ses ques­tions et tes­ter ses pré­fé­rences. D’ailleurs, nous en pro­po­sons un tableau dans cet article.

Si l’on veut pro­gres­ser et deve­nir plus auto­nome – et donc aus­si aven­tu­reux – quelques règles simples sont à connaître.

L’équilibre des puissances

Un accord est har­mo­nieux quand un équi­libre est réa­li­sé entre le plat et le vin ; quand ils se répondent et/ou se com­plètent. Si l’un écrase l’autre, c’est raté.

C’est pour­quoi la pre­mière règle sera d’accorder la puis­sance du plat avec celle du vin. Si vous avez un plat léger, comme des coquillages ou un pois­son cru, vous pri­vi­lé­gie­rez un vin léger éga­le­ment, un blanc sep­ten­trio­nal par exemple (Val­lée de la Loire).

Si votre plat est consis­tant et puis­sant (au hasard, une côte de bœuf grillé, voire un gibier), vous vous diri­ge­rez vers un vin cor­sé, avec du carac­tère, comme un grand cru de Bor­deaux ou un rouge de la Val­lée du Rhône.

Et pour les des­serts, sucrés, vous pren­drez de pré­fé­rence un vin doux qui sera seul capable de don­ner la réplique. Fini donc le cham­pagne frais et acide en fin de repas…

Le crescendo

L’ordre des plats sui­vant un cres­cen­do lors d’un repas (une entrée froide et sou­vent légère, un pois­son et puis une viande, et enfin un des­sert), les vins devront suivre la même cadence.

On évi­te­ra donc de ser­vir des vins trop puis­sants en début de repas au risque de satu­rer les papilles et de ne pas pro­fi­ter des bou­teilles suivantes.

Cas d’école : le foie gras. Quand il était – comme autre­fois – ser­vi en fin de repas, l’accord avec un vin liquo­reux (accord magni­fique, il faut en conve­nir) ne posait pas de pro­blème. Aujourd’hui, c’est ris­quer « l’empâtement » dès l’entrée… On pré­fè­re­ra donc accom­pa­gner le foie gras d’un vin banc sec mais ample et char­nu (un bour­gogne éle­vé en fût, ou encore un blanc du sud), ou même d’un rouge.

L’accord sur les arômes

Même si l’accord se fait plu­tôt sur la puis­sance du vin, il peut être inté­res­sant de réflé­chir à une har­mo­nie des parfums.

Un vieux saint-émi­lion déve­lop­pant un bou­quet de sous-bois et de truffe sera un bon com­pa­gnon d’une viande rouge accom­pa­gnée de champignons.

Pour les des­serts, le choix par­mi tous les vins doux pour­ra se faire en fonc­tion des arômes : pour une tarte aux abri­cots, un sau­ternes aux accents de fruits confits ; pour un des­sert au cho­co­lat, un banyuls (vin doux natu­rel du Rous­sillon) aux accents de cacao.

L’accord sur les couleurs

Si vous débu­tez ou man­quez d’inspiration, un truc peut vous sau­ver : la cou­leur. La moins scien­ti­fique de toutes les règles, mais la plus évidente.

Sur un pois­son blanc, un vin blanc ; sur une viande rouge, un vin rouge… qui s’accordera éga­le­ment avec un pois­son… rouge (pas celui de votre aqua­rium, mais du thon !).

Et sur le fro­mage alors ? Du vin blanc ! Tant pis pour les tra­di­tions, dans la grande majo­ri­té des cas, le vin blanc est un bien meilleur choix que le rouge dont les tanins se dur­cissent et paraissent « métal­liques » au contact du fromage.

L’accord locavore

Tout aus­si peu scien­ti­fique, le rai­son­ne­ment sur les pro­duits locaux ne manque pas de per­ti­nence. Sur des coquillages, pen­sez à des vins blancs du bord de l’Océan, comme le mus­ca­det ou l’entre-deux-mers.

Sur un plat de char­cu­te­ries lyon­naises, un beau­jo­lais s’impose ; et que dire de la chou­croute avec le ries­ling d’Alsace ou le cas­sou­let avec un rouge du Sud-Ouest !

Mais c’est peut-être avec les fro­mages que ces accords locaux prennent tout leur sens : crot­tin de Cha­vi­gnol et san­cerre blanc ; muns­ter et gewurz­tra­mi­ner d’Alsace ; com­té et vin jaune du Jura… la liste est presque infi­nie, puisqu’il y a autant de sortes de fro­mages que d’AOC de vin en France !


Le conseil de Lucien

Les règles pré­cé­dentes donnent des accords har­mo­nieux, mais votre goût peut être dif­fé­rent. Peu importe, le meilleur accord sera tou­jours celui qui vous fait vibrer, quel que soit le nombre de « règles » qu’il enfreint !