Dans quel ordre servir les vins ?

En tant qu’amateur de vin, et surtout si vous avez à cœur de réussir vos associations avec chaque plat, vous serez vite amené à servir plusieurs bouteilles au cours d’un même repas, parfois jusqu’à 4 ou 5 différentes (apéritif, entrée, plat, fromage, dessert !). Comment bien jongler avec toutes ces quilles ?

La règle est simple : aller cres­cen­do dans la puis­sance, car au fur et à mesure que le repas avance, les papilles se fatiguent et les sen­sa­tions s’émoussent. Trois fac­teurs sont donc à prendre en compte : le type, le style et l’âge du vin.

Le type de vin

L’ordre clas­sique à res­pec­ter pour aller cres­cen­do est le sui­vant : d’abord les effer­ves­cents, plus légers et aériens en rai­son de leurs bulles (en géné­ral pour l’apéritif) ; puis les blancs, sur une entrée ou un plat de la mer ; ensuite les rouges dont les tanins tapis­se­ront le palais, pour les viandes ; et enfin un vin doux riche en sucre pour s’accorder au dessert.

On voit déjà ici quelques écueils à évi­ter : pas d’alcool fort ni de vins doux à l’apéritif, qui anes­thé­sie­ront les papilles pour le reste du repas ; de même, évi­ter les vins doux avec le foie gras en entrée, pré­fé­rer un vin blanc sec plein de ron­deur, voire un rouge avec un peu d’âge ; pas de cham­pagne avec le des­sert, le sucre accen­tuant la sen­sa­tion d’acidité (ou alors prendre un cham­pagne demi-sec, mais ils sont deve­nus rares !).

Le style de vin

Si l’on doit ser­vir plu­sieurs vins d’un même type (par exemple deux vins rouges), on ser­vi­ra d’abord le plus léger, le plus fin, puis en second le plus cor­sé. Cela est éga­le­ment vrai pour deux vins de cou­leurs dif­fé­rentes : si le blanc que vous avez ouvert est un vin très riche (un bour­gogne éle­vé en fût par exemple), il sera dif­fi­cile d’enchaîner sur un rouge léger. Mieux vau­dra pas­ser direc­te­ment à un rouge un peu corsé.

L’âge du vin

Ici, deux écoles existent.

La pre­mière, qui suit la règle du cres­cen­do dans la puis­sance, conseille donc de ser­vir les vieilles bou­teilles AVANT les plus jeunes. Parce qu’avec l’âge, les vins se patinent et perdent en puis­sance (tout en gagnant en complexité).

La seconde, qui res­pecte l’adage disant que « aucun vin ser­vi ne doit faire regret­ter le pré­cé­dent », prône donc de ser­vir les vins âgés (plus com­plexes et plus qua­li­ta­tifs) APRÈS les vins jeunes.

Comme sou­vent dans le vin, il n’y a pas une véri­té abso­lue, et avec la pra­tique vous fini­rez par vous faire votre religion !

Quelques précautions à prendre

Les rai­sons œno­lo­giques prennent par­fois le pas sur les envies gas­tro­no­miques : si votre entrée est à base de viande et néces­site un vin rouge pour l’accompagner, dif­fi­cile ensuite d’enquiller sur un plat de pois­son récla­mant un vin blanc. De l’art de bien pré­pa­rer ses menus !

La ques­tion du fro­mage est épi­neuse, car nombre d’entre eux s’accordent mieux avec des vins blancs… qu’il est par­fois dif­fi­cile de ser­vir après une viande et un vin rouge. A moins d’opter pour un vin blanc de carac­tère sus­cep­tible de tenir tête au rouge, comme un vin jaune du Jura.


Le conseil de Lucien

À moins de s’enquiller un menu dégus­ta­tion dans un res­tau­rant étoi­lé, rien ne sert de trop mul­ti­plier les vins lors d’un même repas, sur­tout si par­mi eux se trouvent une belle bou­teille que l’on sou­haite mettre en valeur. Deux ou trois vins dif­fé­rents feront déjà par­fai­te­ment l’affaire !