Bien que regroupés sous une unique bannière, les vins de Champagne peuvent offrir des profils gustatifs très différents, certains se destinant à l’apéritif, d’autres au dessert voire même au plat principal. Et la région réserve aussi quelques surprises…
Le processus d’élaboration du champagne permet de jouer sur différents paramètres et d’élaborer un éventail de vins très large.
Les quatre piliers du champagne
De la vigne à la bouteille, quatre facteurs interviennent qui influent sur le type et le style du champagne :
- Le terroir : certains villages de la région sont classés en premier ou grand cru. Si tous les raisins proviennent de tels villages, la mention peut figurer sur l’étiquette. Pour être honnête, cela n’a pas une incidence majeure sur la qualité du vin… mais mieux vaut le savoir !
- Les cépages : trois cépages principaux sont utilisés en Champagne, deux noirs (pinot noir et meunier) et un blanc (chardonnay). Avec le seul chardonnay, on obtient un « blanc de blancs » (comprendre « champagne blanc issu de raisins blancs ») aérien et léger, parfait pour l’apéritif. Avec les pinots, des « blancs de noirs » plus vineux pouvant accompagner une viande blanche. On peut aussi avoir un assemblage de cépages noirs et blancs, cas d’ailleurs le plus fréquent. Enfin, il est autorisé d’ajouter un peu de vin rouge au vin blanc de base afin de donner un champagne rosé.
- Le millésime : la plupart des champagnes sont issus d’assemblage de vins de différentes années. Cela permet de marier la fraîcheur du dernier millésime à la maturité de vins plus âgés, afin d’obtenir un goût constant, signature de la maison. Mais les meilleures années sont aussi embouteillées seules, donnant ainsi un champagne millésimé, plus qualitatif.
- Le dosage : en fin d’élaboration, le producteur ajoute pour compléter les bouteilles un mélange de vin et de sucre appelé « liqueur de dosage ». Selon le niveau de sucre, on aura des champagnes allant du plus sec (extra-brut ou brut nature avec pas ou très peu de sucre) au plus doux (plus de 50 g/l, l’équivalent d’un vin moelleux).
Le profil de champagne le plus fréquent est un brut, non millésimé (mélange de différents millésimes), issu d’un assemblage de cépages noirs et blanc et sans indication de cru.
Un vignoble morcelé
Focalisé sur les variations de style du champagne, on en oublie parfois de regarder la géographie du vignoble.
Étalée sur cinq départements (la Marne (66%), l’Aube (23%) et l’Aisne (10%), plus quelques confettis en Haute-Marne et Seine-et-Marne), la Champagne se divise en quatre régions, qui chacune favorise un cépage :
- la Montagne de Reims (pinot noir),
- la Vallée de la Marne (pinot meunier),
- la Côte des Blancs (prolongée de la Côte de Sézanne), qui tire son nom du chardonnay,
- la Côte des Bar, entièrement située dans l’Aube (pinot noir).
L’autre Champagne
Trois cépages seulement ?
Le champagne est élaboré à partir de trois cépages, un blanc (chardonnay) et deux noirs (pinot noir, pinot meunier), c’est entendu.
Pourtant si vous vous plongez dans les textes officiels, le fameux « cahier des charges » de l’AOC champagne, vous en compterez… quatre autres ! Arbane, petit-meslier, pinot gris et pinot blanc, quatre résistants qui représentent moins d’un petit pourcent du vignoble mais que certains producteurs mettent à l’honneur dans des cuvées spéciales. A dénicher !
Une seule appellation ?
Un seul vin en Champagne, vraiment ? Un seul effervescent, oui, mais il existe deux AOC de vins tranquilles dans la région : les coteaux-champenois et le rosé-des-riceys.
Les premiers sont produits sur la même aire que le champagne, en rouge, blanc ou rosé. Comme le champagne, ils sont le plus souvent sans millésime, mais avec indication de leur village d’origine : Bouzy, Vertus, Aÿ…
Le deuxième est un vin très particulier, élaboré uniquement dans l’Aube autour du village des Riceys. Un rosé de pinot noir, profond et vineux, au goût très spécifique mêlant fruits rouges et amande, et qui peut se garder plusieurs années. A découvrir absolument.
Le conseil de Jean
Pourquoi ne pas essayer un repas « tout champagne » ? Un blanc de blancs à l’apéritif et sur une entrée marine, puis un blanc de noirs (voire un rosé) sur une viande blanche, pour finir par un demi-sec (oiseau rare) sur le dessert. Une vraie découverte !