Bien déguster (1) : l’œil

Le premier regard est souvent riche d’enseignements et il serait dommage de sauter trop vite cette première étape. C’est de plus une mise en condition qui prépare agréablement à la suite de la dégustation.

Trois para­mètres prin­ci­paux vous per­met­tront d’obtenir des infor­ma­tions sur le vin que vous vous apprê­tez à déguster.

La couleur

La teinte du vin, et notam­ment le fin lise­ré que vous pour­rez obser­ver en incli­nant le verre (les « reflets »), vous ren­sei­gne­ra sur l’âge du vin.

En effet, les vins rouges ont en géné­ral dans leur jeu­nesse des teintes rouge vio­la­cé, qui évo­luent vers le brun oran­gé avec l’âge. Si vous obser­vez de tels reflets dans un vin jeune, c’est peut-être le signe que celui-ci a évo­lué trop vite et pré­sente un défaut d’oxydation. A l’inverse, un vin d’une dizaine d’années qui affiche encore une teinte rouge franc n’aura sans doute pas atteint son plein apogée.

Idem pour les vins blancs, dont les reflets verts (syno­nymes de jeu­nesse) virent à l’orangé ambré avec le temps.

L’intensité

Au-delà de la cou­leur, le vin est-il plu­tôt clair ou plu­tôt fon­cé ? Cer­taines robes de vin sont si intenses que l’on ne peut voir au tra­vers : c’est un signe de concen­tra­tion qui indique un vin plu­tôt cor­sé ; une robe plus trans­pa­rente indique (c’est intui­tif) un vin plus fin, voire léger. Sans que cela ne pré­sage en aucune façon de la qualité.

La limpidité

Fut une époque où une robe lim­pide était syno­nyme de vin « propre ». Mais avec l’avènement des vins « nature », qui subissent très peu d’interventions (pas de fil­tra­tion notam­ment) et dont la robe est sou­vent trouble, les choses sont moins tran­chées. A vous de vous faire une idée si cette ten­dance est un pro­grès ou non…

En revanche, les petits cris­taux que vous pour­rez aper­ce­voir au fond du verre ne consti­tuent nul­le­ment un défaut : c’est du tartre pré­ci­pi­té, sans effet sur la dégustation.

Ça mousse ?

Un qua­trième para­mètre entre en jeu évi­dem­ment pour les vins effer­ves­cents : les bulles. Trop grosses, c’est le signe d’un vin un peu… gros­sier, de qua­li­té médiocre; trop fines, ce peut être l’indication que le vin s’est « émous­sé » et a per­du en effer­ves­cence (ce qui arrive dans les vieux cham­pagnes par exemple, et n’est nul­le­ment un défaut, juste un signe du pas­sage du temps…).

Vigi­lance tou­te­fois : l’effervescence dépend aus­si de l’interaction entre la paroi du verre et le vin. Selon le degré de net­te­té du réci­pient, la donne peut chan­ger. Rien ne vaut alors l’examen gustatif !


Le conseil de Lucien

Pour bien appré­cier tous les détails de la « robe » d’un vin, deux condi­tions sont néces­saires : être dans une bonne lumière (la lumière du jour est idéale), et regar­der le vin sur un fond blanc.