Un vin n’est pas si éloigné que cela d’un bon film : la rencontre de divers talents est nécessaire à sa réussite. Les ingrédients de base sont finalement assez limités, et l’on peut en sélectionner quatre, qui méritent chacun de décrocher un « Oscar » du vin.
Les quatre facteurs qui contribuent à la qualité et se voit décerner la précieuse statuette, sont : le cépage, le terroir, le millésime et le vigneron.
Meilleur acteur : le cépage
Voici une évidence que l’on perd trop souvent de vue : le vin, c’est avant tout du jus de raisin. Pas n’importe quel raisin, certes, du jus fermenté, travaillé etc. mais du jus de raisin néanmoins.
Le terroir est important, primordial, mais concrètement on ne boit pas du jus de schiste, du jus de galets roulés, du jus d’argilo-calcaire, on boit du jus de raisin.
C’est pourquoi nous considérerons notre raisin comme notre acteur principal. Il tient le haut de l’affiche – et donc souvent de l’étiquette. A l’international, c’est son nom qui est vendeur et qui s’exporte.
Et comme pour les acteurs, il en existe des milliers… mais ce sont toujours la même dizaine que l’on retrouve partout ! Pour en savoir plus, un article leur est dédié (aux cépages, pas aux acteurs).
Meilleur décor : le terroir
Affirmer que le terroir n’est qu’un décor est un brin provocateur. Nombreux sont ceux qui prétendent que le terroir est tout, fait tout, et que les cépages n’en sont qu’un véhicule.
En fait, l’un ne va pas sans l’autre : le terroir a besoin des cépages pour s’exprimer, et les cépages ont besoin du terroir pour révéler toutes leurs qualités. Cépage et terroir, terroir et cépage, unis pour le meilleur et pour le pire.
Quoi de surprenant à cela d’ailleurs ? Imagine-t-on les westerns de John Ford dans un autre écrin que les paysages rocheux de Monument Valley ? Les plus grands films de Woody Allen ne sont-ils pas indissociables de la ville de New York ? Et ceux de Claude Chabrol d’une certaine atmosphère provinciale française ?
Pour trancher le débat, rappelons qu’à la définition basique du terroir (alliance d’un sol, d’une topographie et d’un climat), certains ajoutent le cépage, voire même la main de l’homme (les terroirs sont des constructions humaines, ils ne tombent pas du ciel). Et la boucle est bouclée…
Meilleur scénario original : le millésime
Les trois termes sont importants : « original », car aucune année ne ressemble à une autre. Doux, pourri, précoce, caniculaire ou pluvieux, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire les saisons, et tous ces aléas que subit la vigne façonnent un raisin chaque année différent.
« Meilleur », car le vigneron doit savoir tirer le meilleur parti de ce que la nature lui propose. Il n’y a pas de recette absolue applicable chaque année : il faut s’adapter sans cesse aux données météorologiques, anticiper, réagir, pour prendre les bonnes décisions. Car dans un millésime, tout ne se joue pas aux vendanges ; à cette date-là, tout ou presque est déjà joué…
Enfin, le mot de « scénario » pour qualifier le millésime est comme une évidence. Laissons pour cela la parole à Aubert de Villaine, co-gérant du mythique Domaine de la Romanée-Conti : « Un millésime, c’est comme un film. Il y a un scénario. Un début et une fin. Un épilogue réussi, ce sont des vendanges de raisins bien mûrs, avec lesquels on peut faire un grand vin. »
Pour en savoir plus sur le millésime, rendez-vous ici.
Meilleur réalisateur : le vigneron
Ce qualificatif lui va bien, car c’est en effet grâce à lui (ou elle, les femmes sont nombreuses aujourd’hui), par ses décisions et par ses choix, que se « réalise » tout le potentiel du terroir, du cépage et du millésime.
Le vin ne se fait pas tout seul, car comme le veut l’adage, la destination naturelle du raisin, c’est le vinaigre. Et non le vin, et encore moins le bon vin, sans parler du « grand » vin.
Le conseil de Charlotte
Pour discerner l’influence de chaque facteur, rien ne vaut la dégustation comparative de deux bouteilles, où un seul facteur change. Goûtez donc la même cuvée dans deux millésimes différents, ou encore deux vins de la même AOC et du même millésime fait par deux domaines différents.