AOC, IGP… Comprendre les catégories de vins

La classification des vins français se fait depuis des lustres en fonction du lien plus ou moins fort du vin à son terroir. Le terroir ? Un concept né dans l’Hexagone, intraduisible et exporté dans le monde entier, qui mêle les influences du sol, du climat, du cépage et du travail du vigneron.

Plus le lien au ter­roir est fort, plus le vin est sup­po­sé « noble « et de qua­li­té. Une règle qui souffre évi­dem­ment de nom­breuses excep­tions, mais il est néan­moins néces­saire de bien maî­tri­ser la théo­rie avant de pas­ser aux tra­vaux pratiques.

La pyramide des vins

La clas­si­fi­ca­tion des vins se fait sui­vant un sys­tème pyra­mi­dal à trois étages : plus on monte dans les étages, plus le lien au ter­roir est fort et plus la qua­li­té est éle­vée — en théorie.

1/ Les Vins sans indi­ca­tion géo­gra­phique (VSIG) : la base des vins fran­çais, où le lien au ter­roir est inexis­tant (la seule contrainte est d’être pro­duit dans le pays) et les condi­tions de pro­duc­tion les plus souples. Ce sont les anciens « vins de table » et leur cohorte de « gros rouges qui tachent ». Depuis quelques années néan­moins, des vigne­rons inté­res­sés pré­ci­sé­ment par la liber­té qu’elle offre inves­tissent cette caté­go­rie pour pro­duire des cuvées ori­gi­nales de qua­li­té. On peut donc trou­ver sous ce nom le pire comme le meilleur…

2/ Les Indi­ca­tions géo­gra­phiques pro­té­gées (IGP) : des vins aux condi­tions de pro­duc­tion un peu plus strictes, res­treints à des zones spé­ci­fiques. Ce sont les anciens « vins de pays », tou­jours accom­pa­gnés d’une déno­mi­na­tion géo­gra­phique : régio­nale (Pays d’Oc, Val de Loire…), dépar­te­men­tale (Var, Meuse…) ou locale (Val­lée du Para­dis, Coteaux des Baron­nies…). Cette ori­gine per­met de cer­ner un peu le style du vin (le cépage étant sou­vent indi­qué sur l’étiquette).

3/ Les Appel­la­tions d’origine contrô­lée ou pro­té­gée (AOC/AOP) : la caté­go­rie reine, celle où le lien au ter­roir est le plus fort, par­fois lié à un seul vil­lage, voire une col­line ou quelques par­celles. Les cépages auto­ri­sés sont en nombre limi­té, les condi­tions de pro­duc­tion plus dras­tiques. De ce fait, il en existe un grand nombre (plus de 360 !), liées soit à une région (bor­deaux, bour­gogne, alsace…), une sous-région (médoc, tou­raine…) ou des com­munes (ajac­cio, mor­gon, gevrey-cham­ber­tin…). Au sein même de cette caté­go­rie, plus le ter­ri­toire est réduit et plus la qua­li­té poten­tielle et la typi­ci­té augmentent.

Les poupées russes

La pyra­mide des vins fonc­tionne aus­si comme… des pou­pées russes qui s’emboitent, sur le prin­cipe de « qui peut le plus peut le moins » : là où on peut pro­duire un vin d’une caté­go­rie don­née, on peut aus­si pro­duire dans les caté­go­ries « infé­rieures ». Ain­si par exemple, sur l’AOC mar­gaux en Bor­de­lais, on peut pro­duire aus­si du médoc (l’AOC sous-régio­nale), du simple bor­deaux (AOC régio­nale)… voire du Vin de France (sans indi­ca­tion géographique) !


Le conseil de Jean

Si la caté­go­rie des Vins sans IG accueille le pire comme le meilleur, com­ment s’y retrou­ver ? Comme tou­jours, il faut goû­ter. Un petit truc néan­moins : un « Vin de France » ven­du en grande sur­face a de grandes chances d’être une cuvée bas de gamme pro­duite à gros volumes, alors qu’un « Vin de France » chez votre caviste est sûre­ment une petite pépite de vigne­ron déni­chée par ses soins.