Originaire d’Espagne et adepte des climats chauds, le carignan retrouve ses lettres de noblesse après avoir été longtemps décrié. Cultivé avec soin, sur des terroirs choisis et à petits rendements, il donne des vins de caractère qui apportent relief et typicité aux assemblages.
Dans les vignobles
Méconnu du grand public (il devance pourtant le gamay en superficie en France !), le carignan traîne encore une réputation un peu sulfureuse. Elle lui vient de l’époque où on faisait « pisser la vigne » en Languedoc, pour obtenir à gros rendements des vins industriels de mauvaise qualité.
Quand la région prit résolument le tournant de la qualité, des primes furent données par les pouvoirs publics pour son arrachage. Heureusement certains vignerons, conscients de son immense potentiel (pourvu qu’on le cultive avec soin), gardèrent des vignes plantées sur de bons coteaux.
Aujourd’hui, on donnerait presque des primes pour sa replantation ! Sans surprise, son fief est le Languedoc-Roussillon (on le rencontre aussi en Provence), où on le trouve dans de nombreuses appellations en assemblage avec les incontournables grenache et syrah.
Deux AOC en ont même fait leur cépage principal (20–30% minimum dans les vins) : corbières-boutenac et fitou. Cette dernière se fend d’ailleurs sur son site d’une véritable déclaration d’amour : « Pour des vins éclatants, le carignan c’est pour toujours ! ». Sacrée revanche…
Dans le verre
Le carignan donne des vins typés aux notes de fruits noirs (mûre) et d’épices, de cuir et de café.
Il confère aux assemblages une bonne structure tannique, un peu austère dans sa jeunesse mais qui se fait plus aimable après quelques années de garde.
Dans le monde
Robuste et tardif, le carignan se plaît dans les climats chauds. Il est d’ailleurs originaire d’Espagne où, sous le nom de mazuelo (son patronyme international), il est encore présent en Aragon et dans le Priorat.
On le rencontre également en Algérie ou en Italie, mais il est en net recul dans le monde.
Le conseil de Lucien
Dans les AOC qui le mettent à l’honneur (fitou, corbières-boutenac), recherchez particulièrement les cuvées où ce cépage est majoritaire (>50%), afin d’en goûtez pleinement tout le potentiel.